Libreville – Fort de 60 sites de prélèvement et d’un réseau de 15 laboratoires implantés sur tout le territoire, le Gabon effectue des tests de COVID-19 pour près d’un dixième de ses deux millions d’habitants. Un résultat rendu possible par la décentralisation et l’augmentation de la capacité de diagnostic dans toutes les régions sanitaires du pays.
Beaucoup de pays africains ont enregistré leurs premiers cas de COVID-19 dans leur capitale, concentrant ensuite leur riposte dans les zones urbaines. Au Gabon, les sites de dépistage se trouvaient initialement à Libreville, principale porte d’entrée du pays, dans les centres de santé et les hôpitaux civils et militaires. Des équipes mobiles chargées des prélèvements ont été constituées pour compléter l’action des centres de dépistage. Au départ de la pandémie, les autorités sanitaires ont privilégié le dépistage des patients symptomatiques et de leurs contacts ainsi que ceux présentant des comorbidités.
Le président Ali Bongo Ondimba a fait du dépistage de masse une priorité de la riposte à la COVID-19. Le nombre de tests réalisés a été fortement augmenté grâce à l’apport de nouveaux laboratoires et des centres de prélèvement situés sur tout le territoire, ainsi que l’établissement du « méga-laboratoire » Pr Daniel Gahouma, capable de réaliser jusqu’à 10 000 tests par jour.
« Les bénéfices de ces améliorations sont indéniables d’autant que la stratégie de riposte s’appuie sur la performance de ce laboratoire », explique le Pr Romain Tchoua, coordinateur technique du Comité de plan de veille et de riposte contre l'épidémie de coronavirus au Gabon (COPIL). « Ce laboratoire gère plus des trois quarts des tests des échantillons prélevés dans les différentes régions. »
Depuis le mois de juillet, le Gabon réalise plus de 2 000 tests par jour, contre 200 tests hebdomadaires au début de l’épidémie dans le pays. Il existe désormais 15 laboratoires capables de dépister par test RT-PCR. Avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (Africa CDC), 50 cadres des différents laboratoires ont été formés aux tests moléculaires du SRAS-CoV-2 et sur la biosécurité et la bio-sûreté. Ces derniers ont ensuite eux-mêmes formé plus de 80 agents des centres de dépistage de la COVID-19.
Les délais d’obtention des résultats ont été drastiquement réduits. « Depuis l’ouverture des laboratoires à Libreville et dans chaque capitale provinciale, les résultats sont rendus entre 24h et 48h au plus tard. Nous disposons même aujourd’hui de trois types de technologies PCR différentes, dont certaines permettent de rendre le résultat en moins de six heures après le prélèvement », se réjouit Dr. Armel Mintsa Ndong, directeur-adjoint du Laboratoire national de santé publique, une structure de référence en matière de biologie et de diagnostic au Gabon.
Tandis que les capacités diagnostiques de la COVID-19 ont été renforcées, l’isolation et le traitement des patients ont besoin d’être améliorés afin de concorder à la stratégie de la riposte qui consiste à dépister, tracer et isoler, affirme Dr Magaran Monzon Bagayoko, représentant de l’OMS au Gabon. Le pays figure parmi les 12 pays d’Afrique à réaliser plus 10 tests pour 100 000 personnes par semaine – un seuil critique de dépistage.
Alors que certaines mesures de restriction sont levées, les autorités gabonaises appellent à la vigilance. « La tendance des cas de COVID-19 étant à la baisse, le dépistage doit être d’autant plus renforcé », dit Dr Magaran. « Nous observons depuis l’apparition d’une deuxième vague du virus dans de nombreux pays, que près de 1 % des passagers arrivant au Gabon sont positifs à la COVID-19. Le contrôle aux aéroports doit donc être renforcé pour limiter l’importation de cas et réduire le nombre de cas positifs. »
Se félicitant des bons résultats obtenus en matière de contrôle de la propagation du virus, le ministre de la Santé Guy Patrick Obiang appelle à ne pas baisser la garde. « Il s’agit aujourd’hui de ne pas relâcher nos efforts. Nous sommes conscients que pour maîtriser la situation, nous devons maintenir, voire renforcer le dispositif actuel de riposte contre la COVID-19. »
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